samedi 3 avril 2010

N'EN DÉGOUTEZ PAS LES AUTRES, MONSIEUR BESSON !

Décidément, ces derniers temps, l'offensive finale contre les "vrais effets spéciaux" ayant généré tant de superbes créatures paraît déclenchée. Comme si l'adulation médiatique unanime pour les "extraordinaires effets d'AVATAR" ne suffisait pas, voilà que le cinéaste Luc BESSON, évoquant le Ptérodactyle virtuel de son adaptation cinématographique de la fameuse bande dessinée de TARDI, LES AVENTURES D'ADÈLE BLANC-SEC, affirme avec forfanterie que grâce à "l'évolution des effets spéciaux", celui-ci n'est pas "en carton-pâte" ( à la différence comprend-t-on sans peine de ceux qui ont précédé ). Toujours ce même dédain pour tout ce qui a été fait auparavant, cette outrecuidance des zélateurs du virtuel ( il fallait par exemple entendre leurs concepteurs se vanter de la création des entités du téléfilm LES LANGOLIERS, à peine plus réels pourtant que les "Pacmans" des jeux vidéos ), pour lesquels rien de valable n'avait encore été fait jusqu'à ce qu'ils interviennent, comme si les plus grands créateurs qui ont œuvré jusque là n'avaient jamais existé.

L'étau se resserre sur l'ultime rescapé


Disciple de Dick SMITH et mentor de Rob BOTTIN, le maquilleur Rick BAKER qui, après avoir connu la consécration, est aujourd'hui relégué au rang de supplétif par les promoteurs du virtuel. Spécialiste des singes, on lui devait la majeure part des effets spéciaux du remake de KING KONG en 1976, mais il avait aussi conçu certains des extraterrestres des MEN IN BLACK.

Ces propos ne sont pas anodins, s'inscrivant dans une volonté sans cesse réaffirmée d'éradication totale des effets spéciaux physiques - révélatrice d'un fantastique allant au plus facile. On a rendu compte dans l'article de mars 2009 "Les derniers grands créateurs déclarent forfait" du découragement de très grands noms des effets spéciaux - dont le Français Patrick TATOPOULOS qui a sans doute compris que son atelier n'aurait pas davantage sa place dans la cité du cinéma que crée Luc BESSON, qu'à Hollywood à présent. On ajoutait que Rick BAKER était le dernier des créateurs de monstres prestigieux à poursuivre apparemment son activité, malgré l'hostilité et la condescendance actuelles pour les maquillages spéciaux. Or voilà que cet artiste, dont chacun s'accorde à reconnaître la modestie et la réserve, avoue sa déception, la seule véritable scène de transformation lycanthropique de WOLFMAN, film de Joe JOHNSTON auquel il a apporté récemment sa contribution, ayant été effectuée par des infographistes au détriment des trucages qu'avait agencés le grand maquilleur, pourtant auteur du Loup-garou le plus impressionnant de toute l'histoire du cinéma ( LE LOUP-GAROU DE LONDRES ). Ainsi donc, aucun des génies des effets spéciaux n'est finalement épargné par la désaffection pour les vrais effets spéciaux en trois dimensions. Ce n'est sans doute plus qu'une question de temps pour que Rick BAKER, qui s'était déjà fait volontairement plus rare ces derniers temps, n'écourte à son tour définitivement sa merveilleuse carrière, dans l'indifférence générale.

Rick BAKER terrassé à l'issue de sa collaboration à WOLFMAN - une attaque plus redoutable qu'il ne l'imaginait.

C'était la dernière séance...

Ce blog se sera ainsi fait le témoin de la dernière phase de la mort programmée des trucages de cinéma qui n'étaient pas réductibles à une simple addition de pixels assemblés par un programme informatique. Pour notre part, nous persistons à défendre les tours-de-force de ceux qui nous faisaient rêver, nous permettant de croire RÉELLEMENT, le temps de la projection, à des créations tangibles. Monsieur BESSON, vous pouvez dévaloriser les "monstres en carton-pâte" ( quelle méconnaissance de la variété des matériaux utilisés, à croire qu'il n'est pas allé au cinéma depuis 35 ans ), ici, nous les aimons passionnément - il conviendrait peut-être de fonder une société protectrice des monstres ( faits de mousse de latex et de plastiline, à défaut de chair et de sang ) ! - et, en attendant un hommage prochain à une autre sommité du genre, nous gardons, bien volontiers, pour notre part, notre "Ptérodactyle en carton-pâte", celui du CONTINENT OUBLIÉ, une bien belle bête ( ci-dessous ) semblant surgie directement d'une époque ancienne, ce qu'elle est malheureusement à double titre.

Mâchoire aux dents aiguisées et œil vicieux, un Reptile volant trop curieux agresse un biplan dans LE CONTINENT OUBLIÉ de Kevin CONNOR ( 1977 ).

2 commentaires:

Mitchosaure a dit…

Nous sommes des dinosaures, hélas...Mais il manque à ce blog un forum afin que nous puissions en parler!..

Dr. Alien a dit…

C'est une suggestion bienvenue. Cela dit, il est déjà possible de poster des commentaires en ces pages.